mercredi 18 novembre 2009

L’An « zéro » de l’Intelligence Economique en Afrique?

"Une contribution d'un ami, passionné de l'IE et de la maîtrise de l'information stratégique invitant à réfléchir sur l'éclosion de l'Intelligence économique en Afrique.  Les mutations induites par la mondialisation de l'économie couplées à une explosion de l'information (multiplication des médias et des possibilités de production et de diffusion de l'information) doivent obliger l'entreprise, quelle soit petite ou grande, à avoir une attitude proactive. L'intelligence économique qui se définit succinctement comme l'ensemble des actions de collecte, de traitement et diffusion de l'information permettant à l'entreprise de prendre la bonne décision au bon moment, ne semble pas bénéficier d'un même écho selon les régions et les continents. L'Afrique, malgré des actions de sensibilisation à travers des associations telle que l'ASIE (Association Sénégalaise de l'Intelligence Économique) accuse d'énormes retards (manque de formations tropicalisées, une culture d'entreprise pas très portée vers l'information...) qui poussent d'aucuns comme Aboubacar Sadikh Ndiaye à s'interroger sur le cadre idéal d'expression de l'intelligence économique dans notre continent". 





« Quand la supériorité absolue n'est pas possible, vous devez rassembler vos ressources pour obtenir la supériorité relative au point décisif ».


Karl  Von Clausewitz

L’information est devenue un intrant stratégique à la prise de décision et à l’action, sa maîtrise devient un facteur clef de succès autant dans la veille économie  que dans la nouvelle organisation. Devant différentes réalités liées  à la crise et à l’heure des grandes mutations, une question revient sans cesse : l’Afrique, berceau de la première civilisation, est-elle civilisée à l’Intelligence économique ( I.E)? Devant ce questionnement sans réponse affirmative, le bilan est lourd et l’état des lieux est presque désastreux.
L’Intelligence économique semble être un tabou en Afrique alors que les grands États se sont tous mobilisés, les anciens spécialistes de l’espionnage et du contre espionnage font désormais office d’experts soit dans le public avec l’Intelligence territoriale ou dans le privé avec le renseignement légal. Et pourtant la guerre économique n’épargne pas l’Afrique, elle est le terrain d’affrontement stratégique entre multinationales. Cependant il y a encore espoir avec la création d’associations qui visent à booster l’Intelligence économique. C’est le cas de l’ASIE (association sénégalaise d’intelligence économique) dont les travaux s’inscriront dans la logique de naissance imminente de l’Intelligence économique en Afrique. Face à cela comment l’Afrique doit intégrer l’Intelligence économique pour favoriser et créer le cadre d’expression de l’Intelligence économique et s’appuyer sur le secteur des PME et PMI qui constituent la grande majorité des entreprises du continent ?

Appropriation de l’I.E


L’Afrique doit pratiquer les procédés d’Intelligence économique pour créer un cadre d’expression à l’Intelligence Economique. Procéder par l’Intelligence économique pour arriver à l’intelligence économique. Vulgariser, sensibiliser et préparer un cadre d’expression à l’intelligence économique par l’Intelligence économique, tel semble être paradoxal mais si l’on considère que par des procédés d’Intelligence économique ou de Benchmarking l’Afrique devrait arriver à reprendre les best practices  des Européens, des Américains et des Asiatiques pour préparer les cadres stratégique et juridique de l’Intelligence économique qui est actuellement incontournable.
Elle devra s’approprier une telle démarche ainsi que les meilleures pratiques pour arriver au stade de prise de conscience et de mise en œuvre d’une approche politique et administrative de la réalité. Il faut dire qu’en 2003 la France était à ce stade de mimétisme alors que Bernard Carayon (Député du Tarn) criait « La France est en retard en matière d’intelligence économique », il affirmait que «L’expression est apparue pour la première fois en France dans un rapport du Commissariat Général au Plan. L’intelligence économique était présentée comme une méthode d’identification de l’information au service des entreprises (veille, informations juridiques, communication…) ou assimilée à de l’espionnage. Je revendique la réalité de la guerre économique, mais je trouve curieux d’utiliser une expression aussi ambiguë pour parler de veille et de renseignement », et prétends avoir « défini une politique publique d’intelligence économique. Premièrement une politique de compétitivité, d’accompagnement des entreprises sur les marchés mondiaux ; ensuite, une politique de sécurité économique qui s’appuie sur la définition d’un périmètre stratégique de l’économie nationale, puis européenne ; politique d’influence, notamment auprès des organismes où s’élaborent désormais les normes qui règlent la vie économique et enfin, une politique de formation, dans l’enseignement supérieur principalement. »

Benchmarking de l’I.E


Par un benchmarking l’Afrique devrait identifier « les secteurs les plus sensibles » et les marchés stratégiques. Cette notion renvoie à une conception particulière de l’économie, qui n’occulte pas l’importance de la dimension politique. « Nous ne devons pas croire que ces marchés se conquièrent uniquement par les règles de l’économie libérale, le prix et la qualité des produits et services car ils subissent l’influence des États ou d’acteurs nouveaux comme les ONG, les think tanks, les lobbies, etc. On peut également définir ces marchés stratégiques comme des marchés créateurs de puissance et d’influence. Cinq grands domaines sont jugés comme sensibles aujourd’hui : les TICS (technologies de l’information et de la communication et de la sécurité), l’énergie, la pharmacie, l’aéronautique et quelques pans de l’industrie alimentaire. » (Selon des sources du gouvernement français).Avant 2004 la France ne disposait d’aucun dispositif de protection de ses entreprises stratégiques et aujourd’hui c’est fait, elle dispose d’un référentiel de formation en intelligence économique et d’un guide de veille concurrentielle. « Le périmètre stratégique n’était même pas une notion imaginée et l’ensemble des services de l’État travaillait en désordre sur ces questions. Il n’y avait pas non plus de réflexion autour des enseignements universitaires sur les technologies sensibles et ce n’est que récemment que la France a engagé, sous l’impulsion de Michèle Alliot-Marie, une réflexion sur la dépendance stratégique de sa défense nationale ».
L’enseignement universitaire doit également être impliqué ainsi que la recherche. L’Afrique par des procédés de Knowledge management va disposer de compétences clés : les acquérir, les dynamiser et les transmettre pour réussir cette politique d’Intelligence économique en ayant avec elle des spécialistes en IE avec un savoir-faire réel et validé. La solution d’Intelligence Territoriale permettra aux pôles et agences publiques, gouvernementales ou locales, de valoriser leur territoire grâce à une surveillance des acteurs de leur territoire et des initiatives économiques et sociales d’autres territoires et régions du monde. L’Afrique par ces solutions d’Intelligence territoriale apportera des réponses aux questions sur « les différents acteurs de son territoire et leur activité, sur les besoins d’information des acteurs de son territoire pour soutenir leur développement, sur les acteurs à plus forts potentiels (pôles de compétitivité) et sur comment évoluent les grandes tendances sociétales, économiques, technologiques pouvant impacter son territoire etc.. ».
L’Afrique pour réussir son « Découvrir – Pratiquer – S’approprier » l’Intelligence économique doit s’appuyer sur l’action de ses associations comme l’ASIE et impulser définitivement des politiques publiques en intelligence économique.

Aboubacar Sadikh Ndiaye
Consultant / Chroniqueur Indépendant
*Article actualisé, première publication (2006) - Paru dans le magazine Nouvel Horizon

1 commentaire:

Anonyme a dit…

beaucoup appris