mardi 19 juin 2007

Veille et IE à l’ère du web 2.0: vers une évolution des pratiques informationnelles

Cet article est une partie du dossier que j'ai récemment réalisé sur le sujet.

La personnalisation de l'accès à l'information et l'émergence d'une certaine « intelligence collective » caractérisée par les blogs donnent de nouvelles idées aux praticiens de la veille informationnelle. Comment faire profiter le dispositif de veille de ces technologies désormais populaires qui font le web 2.0 ? Pour répondre à cette question nous essayerons d'analyser l'apport des différents éléments de cette Internet deuxième génération en l'occurrence les flux RSS, les blogs, les sites collaboratifs… dans les différentes phases classiques du cycle de renseignement.

1. la syndication de contenu (flux RSS, Atom…) et la veille stratégique.

Un flux RSS (Really Simply Syndication) est une technologie, aujourd'hui omniprésent dans le web permettant à tous les utilisateurs de recevoir périodiquement d'un site Internet les nouveautés d'un produit, d'un service, ou d'un domaine scientifique donné. L'utilisateur inscrit se voit ainsi automatiquement alerté des mises à jour intervenus dans les fils dans auxquels il s'est abonné.

Cependant l'exploitation de cette technologie peut être très diverse selon les ambitions de l'utilisateur. En effet, un suivi peut se faire à travers :

  • les messageries électroniques
  • les plateformes dédiées des navigateurs personnalisables comme Mozilla Firefox, Netvibes… qui permettent d'accéder directement aux flux comme on accède aux favoris.
  • Ou plus professionnellement à travers des aggrégateurs de fils dont les services varient. Certains proposent de collecter les données mais qui ne seront consultables que en on-line. D'autres offrent, en outre une possibilité de les stocker et de les exploiter en mode hors connexion.

L'atout majeur de ces flux dans le dispositif de veille est sans nul doute dans la collecte de l'information. Cependant vu le changement du contexte de l'utilisation – de l'utilisation personnelle on passe à la professionnalisation- la méthode devient plus rigoureuse.

Le travail de base pour la collecte dans un dispositif reste inchangé. Les flux RSS intégré dans un dispositif de veille peuvent apporter, cependant, une véritable valeur ajoutée mais encore faut-il qu'un travail préalable de repérage des flux pertinents soit effectué.

a). D'abord réaliser un panorama des sources pertinentes qui pourraient enrichir sa veille. Etudier minutieusement chaque site pour détecter la présence ou non de flux. Pour cette étape, des signes distinctifs renseignent sur l'existence ou non de la technologie RSS. La présence d'une des icônes dans les sites informe sur la possibilité d'une syndication :

Exemple d'icônes :




Une autre possibilité de recensement est la consultation des annuaires de flux RSS qui commencent aussi à proliférer : Exemple :

http://www.flux-rss.info/

http://www.lamoooche.com/

http://www.rss-network.com/

http://www.rssfeeds.com/

ou l'utilisation des moteurs spécialisés tel que http://www.feedster.com/

ou encore comme au bon vieux ton la recherche avancée à partir des moteurs classiques (Yahoo, Google, Exalead…) qui ont élargit leurs services aux flux RSS. En exemple essayons dans Google cette requête :


b). Après avoir bien identifié les sources, la deuxième phase consiste à choisir un bon aggrégateur de flux. Ce sont de petits logiciels qui permettent de gérer les différentes sources RSS. D'utilisation simple, ils permettent, une fois les adresses bien ajoutées, d'aller automatiquement rechercher les mises à jour et de les stocker, pour les uns, pour une utilisation ultérieure. L'avantage de ces outils réside dans le fait qu'ils permettent d'organiser les fils par domaines avec la création de dossiers thématiques, d'ajouter des descripteurs pour une meilleure spécification de la recherche. Un système de tri automatique permet de différencier les informations par jour semaine ou mois. Ils incluent le plus souvent un petit moteur qui offre la possibilité de rechercher par critère dans le lot de flux. Et mieux un système de mailing permettant d'envoyer des articles vers des utilisateurs potentiels.

2. les blogs : un outil populaire au service de la veille ?

Quand on parle généralement des blogs, on a le plus souvent tendance à penser à la version électronique du journal intime. Certes, à ses débuts le blog n'était pas loin de cette caricature un peu réductrice. Le blog (blogue ou carnet web pour le français) est une appellation inspirée du jargon informatique (log signifiant journal des logs, des connexions, des événements). Comme son nom l'indique alors, il s'agit d'un journal web issue d'une initiative personnelle ou collective, mis jour régulièrement sous formes d'actualités datées signée avec une possibilité pour les visiteurs de poster des commentaires.

On peut en distinguer plusieurs types :

  1. Des blogs intimes (introspectifs) qui sont des journaux intimes très populaires chez les adolescents.
  2. Des blogs d'entreprises tenus par des dirigeants ou des groupes de salariés pour créer une certaine proximité avec leurs clientèles.
  3. Des blogs d'actualités qui sont l'œuvre de journalistes ou des mordus de l'actualité qui jettent un regard différent sur l'actualité « officiellement » traités dans leurs journaux
  4. Des blogs d'experts et de passionnés entretenus des experts de tel ou tel domaine pointus, de retraités ou de passionnés et qui sont de véritables mines d'informations pour la veille technologique et concurrentielle.

Le succès d'un tel outil peut s'expliquer par sa gratuité, sa facilité de publication et surtout son interactivité qui permettent aux visiteurs de participer aux débats, de données leurs opinions etc.

Ainsi dans la veille, les blogs peuvent être d'un très grand avantage pour l'entreprise. Ils permettent de s'informer à chaud sur un produit, un secteur, une technologie, sur une entreprise etc. Il y est tout aussi facile, à travers les commentaires de suivre les tendances au sein d'une communauté d'utilisateur. Les blogs d'utilisateurs d'un produit ou d'un service sont les meilleurs dans ce cas : de véritables mines d'informations pour les entreprises concurrentes. Les utilisateurs ne se font pas prier pour critiquer ou couvrir d'éloges les produits. Le principe de l'anonymat qui fonde cet outil a comme conséquence une liberté de parole des utilisateurs qui peuvent même être des travailleurs de l'entreprise en question.

L'autre importance des blogs se lie à travers les buzz, une technique consistant à faire du bruit autour d'une information concernant un produit ou une offre. En général, on considère ces buzz comme faiseurs de l'actualité à venir. Ils sont aux avant-gardes de l'actualité car les journaux classiques les surveillent avec intérêt. Plus un buzz prend de l'ampleur, plus la presse s'y intéresse. Et les différents commentaires recoupés peuvent donner une certaine crédibilité à l'information « buzzé » pour être reprise progressivement par les sites web, la presse locale, la presse nationale et internationale. L'exemple le plus patent concerne une société américaine spécialisée dans la production d'antivol : Kryptonite. Un de ses produits phares a fait l'objet d'un buzz sur son manque de fiabilité dans un blog d'utilisateur. En moins de cinq jours, plus de 700.000 utilisateurs ont commenté l'article poussant ainsi l'entreprise à réagir en fustigeant l'information. Entretemps des utilisateurs ont posté une vidéo montrant comment un gros stylo peut ouvrir l'antivol. Le New York Times rapporte l'histoire. En moins de 10 jours le pic de 1.800.000 lecteurs par jours est enregistré. L'entreprise, désarmée et décrédibilisé, finit par rappeler les produits vendus et les échanger gratuitement. Ce qui lui coûtât une rondelette somme de 10 millions de dollars.
Voir video


Comme le montre ce schéma, l'évolution de l'histoire est spectaculaire. Cette mésaventure de Kryptonite montre aussi l'importance que doivent prendre les blogs dans les dispositifs de veille comme moyen d'anticipation. Ils créent l'actualité des jours avant les médias classiques et pour cela, ils méritent d'être surveillés.

2.1. La surveillance des blogs

La surveillance des blogs ne pourrait être efficace sans les flux RSS. En effet, on ne pas imaginer un blog sans flux. Il s'agit de deux technologies coexistantes. Les blogueur offrent des possibilités d'accès à leur billet (posts, articles…) par la syndication. A partir de ce moment il est plus simple de s'informer quotidiennement sur les nouveautés. Pour ce faire la technique est simple et déjà traités dans la partie précédente concernant l'apport des flux dans la veille.

Cependant il faudra préalablement rechercher les blogs, les évaluer et juger de leur pertinence par rapport aux objectifs de veille. Pour ce faire plusieurs méthodes sont possibles :

  • D'abord à travers les moteurs spécialisés. Il s'agit de moteurs comme :
    • Technorati
      http://technorati.com/ qui est l'un des plus puissants du moment exclusivement dédié aux blogs
    • Google BlogSearch
      Google Recherche de blogs: l'index est moins souvent rafraîchi que celui de Technorati mais l'interface de recherche avancée permet des requêtes précises
    • Sphere: recherche sur les billets, sur les urls des blogs et aussi sur les actualités
  • Ensuite à travers les répertoires et annuaires spécialisés : en exemple :
    • Blogolist: index des blogs francophones
    • Blogonautes: annuaires des blogs francophones. Recherche par critères : pseudo, ville, mots clés, date de modification...
    • Lespages.joueb.com : répertoire de blogs francophones. Classement par catégories : Paris, intime, cinéma, musique, société...
    • Blogarama: répertoire de weblogs.
    • Dmoz.org : les rubriques Blogs de l'Open Directory : en français et en anglais.
    • Blogtrafic : annuaire de blogs francophones
    • Blogwise : répertoire de blogs (par pays et thèmes)
    • Retronimo : annuaire de blogs francophones
    • Annuaire-blogs.fr : Annuaire thématique de blogs


  • ou enfin par une méthode directe à travers les blogs connus qui en général répertorie d'autres blogs du même type dans le même domaine

3. Le partage de signets ou « social booksmarking »



Une des caractéristiques du web 2.0 est le partage de données (P2P). Cependant il serait réducteur de penser cet échange concerne exclusivement les fichiers audio et multimédia. Présentement une nouvelle méthode de partage de connaissance, de collaboration est en train de naitre sur internet. Il s'agit du partage de signets ou de marque-pages plus connu sous son appellation anglo-saxonne « social bookmarking ». Des sites web proposent aujourd'hui des plateformes d'échanges de favoris entre les utilisateurs. Moyennant une inscription lui donnant accès à un espace, l'internaute peut aujourd'hui organiser toutes ses sources, les catégoriser et les décrire par le moyen de « tag » (mots-clés choisis librement par l'utilisateur) et d'un petit résumé du contenu du lien.

A la différence de la gestion des favoris qui se faisait classiquement par l'intermédiaire des navigateurs où l'accès aux favoris ne pouvait se faire que dans la machine qui les contient, l'avantage de cette nouvelle méthode réside dans son accessibilité n'importe où et par n'importe quelle machine pourvu qu'elle dispose d'une connexion internet. En plus de cela, on peut profiter du réseau de liens en cherchant dans les favoris des autres utilisateurs.

En guise d'exemple je vous cite DEL.ICI.US, que je connais et que j'utilise fréquemment. Il permet, en plus de ces avantages cités précédemment, de jauger de la popularité d'un site par le nombre d'internautes qui l'ont taggué.

Comme la recherche de sources de veille est un casse-tête dans le dispositif, cette plateforme de partage peut être d'une grande nécessité pour le veilleur.

Autres sites de partage de favoris :

http://www.simpy.com/

http://www.blinklist.com/

http://ma.gnolia.com/

CONCLUSION

En somme le web 2.0 regorge beaucoup d'avantages pour le dispositif de veille. Ces apports dans les différentes étapes du cycle de renseignement sont loin d'être révolutionnaires mais méritent d'être examinés avec sérieux pour une meilleure performance de la stratégie de veille. Comme exposées dans ce dossier, des flux RSS aux blogs en passant par le social bookmarking, les méthodes de repérage, de collecte, de diffusion et d'évaluation de l'information se retrouvent enrichies par ce nouvelle philosophie de partage et de construction de la connaissance collective que le web 2.0 vient de remettre au gout du jour.

Cependant des aspects négatifs, il n'en manque pas dans ce phénomène. Ils sont liés, pour la plupart, à la structure et aux principes d'existence même du web 2.0. En effet, la facilité de publication, de production et de diffusion de l'information qui le caractérise le rend vulnérable. Cette situation ouvre la porte à des dérapages, des calomnies, rumeurs et autres excès d'utilisateurs aux intentions malsaines. La désinformation qui a toujours fait légion avec le web 1.0 a, malheureusement, de beaux jours devant elle et ce n'est le web deuxième génération qui va freiner cette progression. Aux professionnels de la veille alors d'être vigilants en usant des méthodes d'évaluation qui leur sont connues pour pouvoir tirer un bon profit de ces nouveaux usages. Cette même vigilance sera de rigueur pour face à la sélection des mots-clés en vue d'une recherche donnée. La folksonomy (classification basée sur le langage libre, naturel des internautes) rend encore plus problématique cette étape cruciale de la veille. L'émergence des tags qui ne sont basés sur aucune réglementation – l'utilisateur étant libre de décrire l'information selon ses sensations – reste une difficulté dont il faudra apporter des solutions pour une recherche efficace de l'information dans les blogs, et sites collaboratifs notamment.

BIBLIOGRAPHIE


  1. Blogs et RSS : des outils pour la veille stratégique (Livre Blanc). – Digimind, juin 2006. – 47p
  2. Boulet, Eric Le. – C'est quoi le web 2.0. – In : SVM, n°248, mai 2006. – accessible in http://svm.vnunet.fr/dossiers/tpepme_-_business/20060502006
  3. De Rosnay, Joël. – La révolte du Pronetariat. – Paris : Fayard, 2006. – 252p.
  4. Garreau, Angélina. - les blogs entre outil de publication et espace de communication : un nouvel outil pour les professionnels de la documentation. - Mémoire de maîtrise, Institut d'arts, lettre et d'histoire, Université catholique de l'ouest, Angers. – Septembre 2005. – 160p.
  5. Gordon, MURNANE-Laura . - Social bookmarking, folksonomies, and web 2.0 tools . – 2006.
  6. Molinaro, Fabrice. – Dossier special web 2.0. – Defidoc, decembre 2006. – accessible in http://www.defidoc.com/publications/ds_web2.0/VeilleRechercheInfo.htm. - Consulté le 9 Fevrier 2006
  7. Révelli, Carlo. – Intelligence économique et internet. – Paris : Dunod, 2001, p24.
  8. Web 2.0 : l'Internet deuxième génération. – France telecom. – In : http://www.francetelecom.com/fr/groupe/rd/une/thematique/dossier_mois/ddm200603/index.html. - Consulté le 25 janvier 2006
Djibril D.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Djibril
J'ai lu avec interet votre post et vraiment cela m'a plus. J'aurai bien aimé avoir le document integral si tu n'y vois pas d'inconvenants. C'est un vrai travail de recherche. Aussi merci pour les references.
je t'ai envoyé un mail pour le document.
merci